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Technique


Couler ses balles en plomb

Pour le tireur occasionnel et n'utilisant pas d'arme trop exigeante en termes de forme, poids et calibre exact de balles, de nombreux sites Internet et Armureries proposent un choix intéressant, que ce soit pour des projectiles de forme ronde ou cylindro-ogivale.

 

Lorsque le tir devient un loisir régulier et que les scores deviennent difficiles à améliorer, il s'avère nécessaire de passer à une fabrication maison. Autant le dire tout de suite, cela revient nettement moins cher au final mais il faut accepter d'investir un minimum au départ.

 

Balles en plomb

L'expression "balles en plomb" est tellement utilisée sur les pas de tir que l'on finit par oublier ce dont on parle. Le "plomb" n'existe que dans les laboratoires, ce sont les alliages de plomb que M. tout-le-monde pourra se procurer. La distinction a son importance au regard de la dureté de l'alliage et donc de sa capacité à "prendre les rayures".

 

Plomb pur

Le plomb pur est un élément chimique et par abus de langage on considère que certains produits manufacturés sont en "plomb pur" pour dire qu'ils ne contiennent pas d'autre élément chimique introduit volontairement (ex: antimoine). C'est le cas des anciennes canalisation ou encore des plaques utilisées par les couvreurs.  Ce plomb contient des impuretés mais il est proche du "0 défaut".

Alliages de plomb

 

Le plus courant des alliages de plomb est un mélange de plomb pur et d'étain, avec quelques traces d'autres éléments chimiques tels que l'antimoine. L'étain a pour intérêt de fluidifier la coulée du plomb et d'augmenter très progressivement la dureté de l'alliage, de façon stable. Cet alliage est le plus largement utilisé par les tireurs à la poudre noire, à partir de plomb presque pur et d'une dose d'étain bien calculée.

 

Un autre alliage est un mélange de plomb pur et d'antimoine. L'antimoine a pour propriétés de durcir l'alliage ainsi réalisé. Le problème est que cette dureté augmente très vite avec la dose d'antimoine et ne reste pas stable dans le temps. 

 

Quel que soit l'alliage utilisé, le retrait lors de la coulée des balles est inévitable: une balle coulée dans un moule de diamètre 10mm sortira, après refroidissement à 9.98mm ou peut être même 9.95mm selon l'alliage. Il faut en tenir compte.

 

Méthodes d'obtention

Une balle en plomb, qu'elle soit ronde ou ogivale, peut s'obtenir de deux manières bien distinctes: la coulée ou le matriçage.

 

La coulée (casting en anglais) utilise un moule généralement composé de 2 matrices, et un bain de plomb en fusion.

 

Le matriçage (swaging en anglais) utilise un outil monobloc (die en anglais), un poussoir (pusher en anglais) et une presse. Attention, une presse de matriçage n'est pas une simple presse de rechargement ou de recalibrage, c'est un modèle bien plus costaud.

 

Le matriçage offre l'avantage d'obtenir des balles plus régulières et exemptes de bulles d'air éventuelles. En revanche, le coût du matériel n'est pas le même. Restons donc pour le moment sur la technique de coulée.

 

Le matériel

 

Comme pour le chargement, le matériel nécessaire à la fabrication des balles par coulée débute avec quelques éléments simples. Il sera toujours temps par la suite de compléter si besoin.

 

Faire fondre le plomb

 

Le plomb pur fond autour de 327°C, les alliages classiques entreront en fusion vers 350°C. Il n'est donc pas nécessaire de disposer d'une véritable forge chez soi pour couler ses balles. Un simple brûleur à gaz, une plaque chauffante (en fonte) ou une petit four électrique spécifique suffisent.

 

Je conseille tout de même les choix suivants:

 

- plaque chauffante (les anciennes, en fonte, pas les nouvelles en vitrocéramique car trop fragiles)

- brûleur très stable (sécurité): les modèles type rampe pour stérilisateur sont idéaux.

 

Un exemple de brûleur bien adapté:

 

bruleur.jpg

Un exemple de plaque:

 

plaque-de-cuisson.jpg

 

Pourquoi ne conseillerai-je pas les creusets électriques et autres petits fours du même genre ? Tout simplement parce qu'ils coûtent cher pour ce que c'est, qu'ils ne peuvent servir qu'à ça et qu'ils ont plein de défauts: ceux possédant une buse de coulée passent leur temps à se boucher à la moindre cochonnerie présente dans le plomb (inévitable, même avec du plomb bien propre), les autres n'étant pas pratiques pour prélever le plomb avec la louche de coulée (on perd du temps et on en met partout).

 

Pour contenir le plomb, l'idéal est une bonne vieille casserole en inox. Pourquoi en inox ? Parce que si vous prenez un modèle en aluminium, celle-ci risque simplement de fondre (l'alu fond autour de 600°C) en cas de surchauffe. Celles en fonte émaillée risque de se fendiller et de libérer plein de morceaux de leur revêtement.

 

casserole.jpg

Attention, le plomb ça pèse lourd ! Même une petite casserole (0.5 ou 1L) aura vite fait de peser 4 ou 5 kg une fois chargée ! Ne vous amusez surtout pas à essayer de déplacer la casserole pleine de plomb fondu, la poignée n'y résisterait pas.

 

Et pour servir le plomb fondu ? Ne vous embêtez pas, les sites spécialisés proposent souvent des accessoires de ce genre:

 

louche_a_plomb_lee_6.jpg

Si vous êtes bricoleur (et équipé) vous pouvez aussi souder à l'arc un petit récipient en acier au bout d'une tige en acier que vous courberez pour en faire une poignée.

 

Les moules à balles

 

Nous voici au coeur du sujet: le moule qui va donner sa forme à la balle. Rappelons qu'il existe deux familles de balles: les rondes et les autres.

Les moules à balles se composent généralement de deux matrices qui, assemblées, laissent une cavité de la forme attendue. Une poignée démontable permet de manoeuvrer les deux matrices (ouverture et fermeture).

 

Voici un moule à balles ronde:

moule rond.jpg

Et un moule à balle cylindro-ogivale:

moule cylindrique.jpg

Certains moules sont munis de poignées non amovibles, c'est pratique mais moins rentable car on paye les poignées à chaque nouveau moule acheté.

Certains moules ont plusieurs cavités. Efficace pour couler plus rapidement les balles, cette solution reste moins précise car les deux matrices risquent d'être moins bien alignées et fermées dans ce cas.

 

Evitez absolument ce genre de moule:

poule laiton.jpg

C'est joli en laiton, sauf qu'on se brûle les doigts à la 3e balle coulée !

 

Le prix des moules varie beaucoup selon la complexité et la précision des balles. Les moins chers se trouvent autour de 30-40€, et cela va jusqu'à près de 250€ pour des versions customisées (inutiles au début).

 

Accessoires indispensables

Prêts à couler ? Non pas tout à fait, il vous faudra nécessairement:

 

- un maillet en bois (ou un simple bout de tasseau en bois) pour taper sur le coupe-jet du moule (la petite plaque sur le dessus qui pivote)

 

- un chiffon trempé pour recueillir les balles chaudes sorties du moule (évite de bousiller le support sur lequel vous travaillez et d'abîmer les balles par les chocs)

 

- une pince pour ramasser les morceaux de plomb chaud ou les balles (ratées) à remettre dans le bain.

 

- un gant antichaleur: cet accessoire se trouve dans les magasins de bricolage et sauvera votre main des projections de plomb fondu (ça fait très très mal).

 

Accessoires à voir

 

Selon votre degré de maîtrise de la coulée des balles et le niveau de précision espéré, il vous sera nécessaire de vous équiper un peu plus, mais je précise que ce n'est pas du tout indispensable pour commencer.

 

Vous pourrez avoir besoin d'un thermomètre. Non, pas celui en verre de vos (grands) parents. Non pas non plus celui "sans contact" pour les enfants. Un thermomètre dédié au contrôle du plomb fondu comme celui-ci:

 

thermomètre plomb.jpg

 

Pour des balles rondes, le thermomètre n'a pas grande utilité. En effet, l'expérience montre que les variations de température du plomb à la coulée n'ont pas beaucoup d'influence sur leur régularité . En revanche, c'est une autre histoire pour les balles cylindro-ogivales.

Faute de thermomètre, surveillez la couleur de vos balles coulées:  si elles sont ternes, le plomb est (beaucoup) trop chaud. Si elles sont irisées, le plomb est un peu trop chaud. Si elles sont brillantes, c'est parfait !

 

 

Une balance de précision pourra vous permettre de trier vos balles par poids. Et vous serez surpris de constater que le poids peut varier de près de 5% entre les plus légères et les plus lourdes. Notez que cela vaut aussi pour les balles achetées dans le commerce, alors...triez !

 

Une lingotière sera une alliée précieuse pour préparer votre plomb au départ. Vous utiliserez certainement du plomb "sale" (récupération), si vous ne voulez pas galérer au moment de couler vos balles, il vous faut couler à l'avance de petits lingots de plomb "propre":

 

lingotiere.jpg

 

 

Le recalibrage

 

Les balles sorties du moule sont à peu près au diamètre du moule si on fait abstraction du retrait. Il est rare que celui-ci convienne parfaitement à votre arme, en particulier pour les balles cylindro-ogivales qui doivent prendre les rayures du canon sur toute leur longueur.

 

Le seul moyen de garantir une constance de diamètre est le recalibrage. Celui-ci s'effectue au moyen d'un outil monté sur presse. N'allez pas croire que le matériel associé coûte une fortune: une petite presse simple suffit et l'ensemble presse + outil vous reviendra à moins de 150€.

 

La méthode

 

Allons-y pas à pas

 

 

Préparer le bain de plomb

 

je vous conseille de commencer par faire fondre votre plomb. C'est long (comptez bien 10mn même pour de petites quantités) et donc vous pourrez faire autre chose pendant ce temps.

 

Placez votre récipient sur le brûleur ou la plaque chauffante (pour le bruleur vous pouvez placer une plaque en acier en dessous si la casserole n'est pas bien stable) et mettez directement vos morceaux de plomb propre dedans.

 

Lorsque le bain sera prêt (plomb fondu), réalisez un "fluxing". Vous placerez un petit morceau de bougie sur le plomb fondu, il s'enflammera sous l'effet de la chaleur, vous mélangerez alors avec la louche de coulée et éliminerez toutes les saletées venues en surface. Le plomb aura alors un bel aspect miroir.

Préparez le moule

 

Votre moule est normalement stocké "gras" (pour éviter l'oxydation). Mais la graisse et l'huile sont des ennemis de la coulée. Utilisez un dégraissant (une bombe de produit pour nettoyer les étriers de freins fait très bien l'affaire, ou sinon un solvant type acétone) et laissez sécher en essuyant.  Mettez une petite dose de lubrifiant au graphite dans l'empreinte du moule et essuyez bien. Cela évitera aux balles de coller au moule. A défaut de pouvoir trouver ce lubrifiant (pas toujours facile), utilisez de la mine de crayon écrasée, déposée avec un chiffon.

 

 

Chauffez le moule et la louche de coulée

 

La louche de coulée doit être bien chaude (idéalement à la même température que le bain de plomb, pour éviter que ce dernier ne fige durant la coulée. Mettez-la au contact de l'élément de chauffe.

 

Le moule aussi doit être chaud. S'il est froid, vos balles n'auront pas un bel aspect (le plomb figera trop vite). S'il est trop chaud, vos balles n'auront pas le bon diamètre et mettront longtemps à refroidir (coulée plus lente). La bonne température est atteinte lorsque le plomb met environ 8 à 10s à figer en surface du coupe-jet. Placez le moule au contact de l'élément de chauffe (pas dans le bain de plomb).

 

 

Coulez !

Tout est prêt ? Prenez votre moule par ses poignées tenues fermement, vérifiez qu'il est bien fermé ainsi que le coupe jet en position. De l'autre main, prenez la louche et une bonne dose de plomb (pour le garder en fusion), placez le moule au-dessus du bain de plomb fondu et versez progressivement le plomb dedans avec la louche. Pas trop lentement sinon le plomb figera trop vite dans le moule, pas trop vite sinon vous en mettrez partout. Il y a un tour de main à prendre, ça vient vite.

 

Démoulage

 

Lorsque le plomb a figé sur le coupe-jet, posez la louche et prenez le maillet. Placez le moule au-dessus du chiffon mouillé et donner quelques petits coups sur le coupe-jet pour le faire pivoter, ce qui coupera l'excédent de plomb.

 

Ouvrez le moule et donnez quelques petit coups sur le côté des matrices avec le maillet pour décoller la balle et la faire tomber sur le chiffon.

 

Ramassez l'excédent de plomb avec la pince et remettez le délicatement (pour éviter les projections) dans le bain de plomb fondu.

 

 

Rentabilité

 

Je vais vous éviter de fastidieux calculs: en règle générale, l'ensemble du matériel "de base" décrit ci-dessus, est rentabilisé en un ou deux ans de pratique un tant soit peu régulière du tir à la poudre noire. Le retour sur investissement est beaucoup plus rapide dans le cas des balles cylindro-ogivale.

 

Mais au-delà de cette considération financière, n'oubliez pas que le fait de couler vos propres balles vous donne accès à beaucoup plus de possibilités en termes d'adaptation de vos projectiles à ce que nécessite votre arme pour donner le meilleur de sa précision !

 

 

 

Sécurité et conseils

 

Vous trouverez beaucoup de messages, articles et autres posts sur Internet et ailleurs, traitant de la dangerosité du plomb et par extension (abusive) de la réalisation de balles coulées en plomb. Il me semble nécessaire de faire un peu la lumière sur tout ça et tuer au passage quelques idées reçues qui ont la peau dure.

 

Le plomb est un métal toxique pour l'organisme humain. Une maladie bien connue résultant de l'ingestion  à dose importante et répétée de plomb est le saturnisme, qui a des effets graves et dévastateurs. Toutefois, et contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, ce n'est pas le fait de toucher des morceaux de plombs qui engendre cette maladie. Des études ont même montré que l'utilisation de canalisations en plomb n'était pas la véritable cause du saturnisme. Les peintures et autres revêtements utilisant du plomb sont désormais largement plus mises en causes que le reste et ont été bannis des produits courants. Le plomb à l'état solide est bien moins toxique que ses vapeurs (produites à haute température).

 

Certains métiers spécifiques ont révélé des cas de saturnisme fréquents, notamment ceux autrefois liés aux activités de forge de différents métaux susceptibles de contenir du plomb en alliage (ex: argent, bronze, ...).

 

Le fait de faire fondre du plomb à basse température (moins de 500°C) n'engendre que très peu de risques d'un point de vue toxicité liée à ce métal. Toutefois, les éléments de chauffe utilisés atteignant souvent des températures supérieures, il n'est pas à exclure qu'un peu de plomb soit vaporisé (projections, coulées ratées,...).

D'autre part (et surtout), le plomb contient toujours des impuretés, en particulier lors de la phase de récupération (fonte de vieux tuyaux par exemple), qui sont largement plus susceptibles d'intoxiquer l'utilisateur par inhalation des vapeurs.

 

Il convient donc de respecter 2 principes très simples:

 

- toujours faire fondre le plomb dans un endroit bien ventilé (idéalement dehors, à défaut sous une hotte aspirante ou devant une fenêtre ouverte).

- toujours se laver les mains puis le visage après avoir manipulé le plomb et réalisé quelques coulées

 

Le port d'un masque ne sert (presque) à rien étant donné qu'il ne peut pas filtrer les vapeurs (à moins de disposer d'une version très évoluée).

 

Personnellement, je travaille en deux temps:

 

- d'abord la préparation du plomb en lingots à partir de plomb de récupération: je laisse chauffer tout seul, dehors, et je ne m'approche que lorsque tout le plomb est bien fondu et en évitant de respirer près du récipient.

- ensuite la coulée des balles à partir des lingots: si le temps le permet je reste dehors, sinon je me place sous un extracteur d'air auquel j'ai préalablement raccordé une simple gaine de ventilation et une "casquette" fabriquée à parti de 5 panneaux de bois assemblés en boite retournée, accrochée au-dessus du bain de plomb fondu.

 


23/02/2016
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Une bonne graisse

Voici LE sujet qui fait débat chez les tireurs à la poudre noire ! Vous n'imaginez pas le nombre de pages qui sont venues charger les forums à ce sujet ni le nombre de cafés et de bières qui ont été vidées un peu partout dans le monde à l'occasion de discussions sur ce point. Ici je vais vous donner quelques éléments de synthèse qui vous serviront de point de départ voire de conclusion (ce sera à vous de voir).

 

Petit rappel sur les profils de balles et leur graissage

 

Juste quelques éléments de base pour bien comprendre ce qui suit: une balle est soit ronde, soit de profil allongé. Les balles rondes sont tirées en utilisant des calepins de tissu, tandis que les balles oblongues sont soit patchées (papier autour de la balle), soit pourvues de gorges de graissage.

 

balles-rondes--36--.jpg   image3711.jpg
    moulelyman2654656.jpg

NB: Certains utilisent également la technique du patch papier pour des balles pourvues de gorges de graissage.

 

Les balles munies de gorges de graissage doivent recevoir la graisse uniquement dans les gorges (pas sur l'avant ni sur le culot).

Les balles patchées papier sont graissées sur leur longueur une fois le patch mis en place

Les balles rondes sont soit graissées directement (tir à balle forcée), soit placées dans un calepin qui sera lui graissé.

 

Qu'est-ce qu'une bonne graisse ?

 

Epineuse question car contrairement aux apparences, on demande beaucoup de choses à une bonne graisse.

 

  • Lubrification

Elémentaire me direz-vous, une graisse ça sert à lubrifier le contact entre la balle et le canon. Certes, mais il manque alors à l'analyse la considération des effets de la température. En effet, certaines graisses ou lubrifiants voient leurs propriétés changer de façon importante avec la température. C'est l'exemple typique des huiles de moteur: pas la même viscosité à chaud et à froid, d'où les indices du genre "30 W 40" sur les bidons.

Pour le tir, les températures commencent à -10°C (faut pas être frileux pour tirer dans ces conditions) jusqu'à  + 200°C (on parle de la température qui sera vue par la graisse, pas de celle des gaz). Au dessus de 200°C les balles en plomb commencent à faire la tête donc inutile de chercher plus haut.

Mais a-t-on besoin d'avoir des propriétés lubrifiantes identiques à toutes ces températures ? La réponse est NON ! En revanche, il ne faut pas que ces propriétés tombent à 0. En résumé, une bonne graisse doit conserver un pouvoir lubrifiant à toutes ses températures d'utilisation.

Il faut comprendre que la graisse, soumise aux contraintes de température et de frottement (déplacement de la balle dans le canon), va venir former un film de lubrification au niveau du contact balle-canon. Ce film tend à réduire les efforts de frottement et donc favoriser la prise de vitesse de la balle sous l'effort de poussée des gaz.

 

  • Encrassement

La dégradation de la graisse avec la température ne doit pas conduire à obtenir des dépôts dans le canon. Il y en aura déjà bien assez avec les résidus de combustion de la poudre (sulfure de potassium et résidus charbonnés en majorité).

L'élévation de température qu'elle va subir lors de la mise à feu de la charge ne doit pas être suffisante pour "brûler" le film de lubrification entre la balle et le canon car il en résulterait alors une perte totale de l'effet de lubrification (augmentation des efforts) et un dépôt préjudiciable aux tirs suivants.

 

  • Praticité

Imaginez de devoir utiliser de l'huile bien liquide pour graisser vos balles: non seulement vous ne pourriez pas garnir correctement les gorges de graissage, mais en plus vous en mettriez partout et seriez incapable de préparer complètement vos balles à l'avance. Une vraie galère.

A l'inverse, imaginez de devoir tartiner sur vos balles une graisse qui à température ambiante serait aussi dure que de la paraffine: bon courage !

Il nous faut donc une graisse qui soit relativement molle (mais pas trop !) à température ambiante et qui fonde à température plus élevée. La deuxième condition est bien entendu la plus facile à obtenir, d'autant que la première est à prendre en compte pour une certaine plage de températures: on tire généralement entre -10°C et +40°C max mais ça fait déjà une jolie étendue.

 

Principe d'élaboration d'une graisse pour le tir

 

Toute recette de graisse doit reposer sur ces deux bases, le reste constituant des "additifs" pour varier les propriétés spécifiques à l'usage souhaité.

 

  • Base lubrifiante

C'est LA base de votre graisse car c'est elle qui déterminer majoritairement ses propriétés de lubrification. L'éventail est assez large, regardez la liste suivante:

- graisse animale (joue de porc, pied de boeuf, etc...)

- vaseline

- huile végétale

- margarine

- huile minérale ou de synthèse (huile pour moteur)

- graisse de roulement à bille

- etc....

A noter que chaque possibilité évoquée ci-dessus (et même les autres) aura ses spécificités en termes de tenue en température, d'encrassement et de propriétés lubrifiantes.

Les huiles "industrielles" de type huile de synthèse ou graisses mécaniques offrent en général les meilleures tenues aux températures élevées. Mais selon les exigences de votre arme, ce choix peut être largement surspécifié !

 

  • Base durcissante

Voici ce qui va donner de la consistance à votre graisse, tout est alors dans le dosage. De préférence cette base doit pouvoir fondre assez facilement et laisser le moins de résidus possible en combustion (comprenez "ça doit bien brûler" !).

Quelques exemples:

- paraffine

- stéarine (bougie !)

- cire d'abeille

- etc...

Le plus important dans le choix est la miscibilité avec la base de lubrification: les deux doivent se mélanger à chaud et ne plus se séparer ensuite.

 

  • Additifs classiques

Afin de moduler les propriétés de votre graisse, vous pouvez avoir recours à des additifs comme:

- une huile liquide (si votre base est pateuse) pour obtenir une meilleure fluidité aux bases températures

- une graisse pateuse (si votre base est liquide) pour obtenir une meilleure tenue aux hautes températures

- quelques goutes d'huiles essentielles (pour le parfum !)

- un colorant (pour distinguer vos graisses entre elles)

 

  • Adaptation du dosage

Une astuce de tireur: il n'y a pas de graisse unique, polyvalente pour toutes les armes et toutes les conditions de tir. Comme pour les moteurs de voitures, il vous faut adapter le choix à l'usage.

Votre graisse doit être pateuse à température ambiante, fluide  à plus haute température. Si vous tirez l'hiver, à des températures proches de 0°C, votre dosage de graisse ne peut pas être identique à celui que vous prendrez pour l'été et des températures de l'ordre de 25°C.

 

La méthode

 

Pour trouver votre recette, voici quelques conseils:

 

Commencez par tester les composants un par un au regard de leur tenue en température. Ca se fait dehors (pour ne pas faire crier madame), sur un réchaud à gaz sur lequel on place une plaque de métal (pour éviter les effets d'allumage au contact des flammes). Poser une petite dose de votre produit sur la plaque puis mettez à chauffer. Observez. Vous aurez alors une idée des températures auxquelles votre produit change de propriétés en surveillant son ébulition puis sa combustion éventuelle et les résidus associés. Comparez les produits entre eux (un échantillon de chaque sur la même plaque).

 

Une fois les composants sélectionnés, préparez un bain-marie en commencant par la base lubrifiante. Mesurez (pesez) la dose versée. Ajoutez alors une dose mesurée de base durcissante. Laissez refroidir (ne continuez pas à chauffer le mélange une fois liquide et mélangé).

Trop mou ? Augmentez la dose de base durcissante

Trop dur ? Diminuez la dose de base durcissante

Ajoutez vos additifs en dernier et corrigez la dose de base durcissante pour retrouver une consistance satisfaisante.

 

Attention, la dureté du mélange se juge après plusieurs minutes de refroidissement d'une petite dose prélevée (une cuillère à café) placée au frigo (pour accélérer), sinon vous aurez des surprises !

 

Testez vos mélanges à différentes températures. Je vous conseille de commencer par 2 cas:une graisse pour l'été (à tester avec un coup de sèche cheveux pour monter à 30°C environ), une graisse pour l'hiver (à mettre au frigo pour du 4-6°C).

 

Point de départ:

 

25% de cire d'abeille (facile à trouver sur Internet)

75% de vaseline (dans toute bonne pharmacie, ça s'achète même par pots de 1 kg)

 

 


09/09/2015
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Le flambage

Ceux et celles qui ont déjà assisté à des compétitions de tir à la poudre noire ont certainement déjà entendu ce terme, crié par chaque tireur au début de sa série. Voici un terme typique de "poudreux", qu'il est nécessaire de connaître mais surtout qui fait appel à une technique à savoir utiliser.

 

Le flambage, kézako ?

 

Le terme est assez ancien et n'a rien à voir avec les bananes flambées ni avec le fléchissement d'un foret de perceuse sous contrainte ! Pour le tir à la poudre noire, il s'agit de l'opération qui consiste à préparer un canon pour le tir, lorsque ce dernier est encore tout beau tout propre après sa dernière séance de nettoyage.

Concrètement, il s'agit de faire partir un coup "pour rien" (comprenez "pas dans la cible") afin de mettre l'arme en condition pour les tirs suivants. Il convient donc de charger l'arme (nous allons voir comment) puis de tirer sans viser la cible.

C'est l'effet de combustion de la poudre avec le souffle et la chaleur produits qui viennent alors mettre le canon dans un état qui autorise ensuite des tirs réguliers.

 

Ca sert à quoi ?

 

Il est assez facile d'observer qu'avec une arme qui tire pour la première fois depuis le précédent nettoyage, l'impact en cible n'est pas identique à ceux obtenus ensuite. Mais pourquoi ?

Une arme qui a été nettoyée puis huilée / graissée présente forcément des excès de lubrifiant dans le canon, ou au contraire des manques. Lorsque l'on vient charger l'arme, la dose de poudre versée peut se retrouver contaminée par ces excès (en particulier ceux présents dans la chambre). D'autre part, sans rentrer dans la théorie de la balistique interne du projectile dans le canon, il est facile de comprendre que les conditions de frottement de la balle dans le canon influencent sa vitesse de sortie, sa prise de rayures et donc sa trajectoire résultante. Ce n'est qu'au bout de 1 ou 2 tirs qu'un état de surface constant est atteint. Certes l'encrassement vient s'ajouter de façon progressive mais entre deux tirs successifs son influence sera moindre que la transition brutale d'un état "propre et lubrifié" à un état "flambé" par le passage de la première balle. Au sujet de l'encrassement, nous aurons l'occasion de revenir à la réflexion ci-dessus avec le nettoyage partiel entre les coups, parfois nécessaire pour certaines armes.

 

Au-delà des considérations de précision des tirs, le flambage vient également traiter en préventif les risques d'incidents de tir (non départ du coup). Lorsque de l'huile est venue se loger au fond de la chambre voire dans la cheminée suite au nettoyage de l'arme, il est probable qu'un chargement normal va conduire à un problème d'allumage de la charge principale. Pour cela, le flambage se déroule en deux étapes, dont la première vise à dégager la cheminée ou la lumière du canon et la chambre.

 

Flambage "amorce", flambage "balle"

 

Pour être précis, il faut distinguer les deux cas, qui sont les étapes succesives nécessaires à la réalisation d'un bon flambage.

 

Le flambage "amorce" vise à dégager la cheminée ou la lumière du canon et la chambre par simple effet de souffle, garantissant ainsi la mise à feu de la charge principale lors des tirs suivants. Il est parfois (selon les armes) utile de répéter ce flambage deux ou trois fois, surtout lorsque l'on soupçonne un gros excès d'huile.

 

Le flambage "balle" vis à conditionner le canon pour le tir en le...salissant ! Eh oui, on est ici en face d'un paradoxe où l'encrassement (léger) aide à la précision, du moins en apparence. En fait ceci résulte de la difficulté à garantir la constance de l'état de lubrification du canon au départ, qui fait préférer un léger encrassement et une bonne uniformisation sans excès local. Certaines armes donneraient des tirs de flambage identiques (s'ils étaient en cible) aux tirs suivants, mais cette connaissance n'est pas accessible aux tireurs peu expérimentés.

 

Méthode

 

Le flambage "amorce" consiste à amorcer l'arme "à vide", c'est à dire sans chargement. Dans le cas des armes à percussion on viendra donc simplement percuter une ou deux amorces placées sur la cheminée (à répéter pour chaque cheminée dans le cas des révolvers). Dans le cas des armes à silex on amorcera le bassinet pour ensuite procéder à la mise à feu classique via le chien et le silex contre la batterie.

Il est utile de venir souffler sur la cheminée ou la lumière du canon pour commencer à chasser les excès d'huile.

 

Le flambage "balle" peut en fait se pratiquer de deux manière: avec ou sans balle. L'essentiel étant de mettre à feu une charge dans le canon pour générer l'effet de souffle. On procède à un chargement classique (dose et méthode identique à celles utilisées pour les autres tirs) puis on tire dans une direction sécurisée (butte de terre derrière la cible, sol un peu en avant de la cible, ...). Si on ne souhaite pas utiliser de balle (dans le cas de certaines armes où la préparation des balles est un peu fastidieuse on a pas forcément envie d'en gaspiller une), on peut mettre simplement une bourre de type feutre à la place, l'important étant de maintenir la poudre tassée au fond du canon.

 

Astuce: lors de vos coulées de balles, gardez celles qui sont "moches" pour vos flambages...

 


03/09/2015
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Préparation physique

Le tir aux armes anciennes est souvent assimilé à un loisir plutôt qu'à un sport. Il est vrai que selon la pratique que l'on en fait, le côté "sportif" est souvent assez éloigné. Mais pas toujours...

 

Une activité "pépère" ?

 

L'image que l'on a ou que l'on obient rapidement en faisant un tour sur un stand, du tireur aux armes anciennes, s'oriente immédiatement vers celle d'une activité plutôt tranquille et pas bien fatigante. Après tout, manipuler une arme pour la charger via plusieurs étapes puis la lever en direction de la cible pour tirer au maximum 20 ou 30 coups dans une séance qui dure parfois plusieurs heures...c'est pas franchement sportif !

Là où la vision change c'est lorsqu'on commence à pratiquer. Déjà on s'aperçoit assez vite qu'il ne s'agit pas juste de lever l'arme pour la pointer vaguement vers la cible, mais qu'il faut viser et se débrouiller pour garder une ligne de tir concentrée sur le visuel noir. Et là le novice se rend compte que pour ne pas trembler en tenant un pistolet ou un revolver à bras franc (sans appui), sans s'appeler Musclor il va falloir penser à un peu d'entraînement au niveau bras et épaules.

Ensuite, rien ne va plus, car outre la tenue de l'arme c'est toute la position du corps qu'il faut assurer. Nombre de tireurs ont tendance à contrebalancer le poids de l'arme en inclinant le corps pour faire contrepoids...très mauvais, à la fois pour le dos mais aussi pour les résultats en cible !

Et au final, c'est la catastrophe car au bout de 10 ou 15 tirs le bras tremble, le poignet crie au secours et les lombaires commencent à crier.

Mais ça c'est se limiter au cas du tir au pistolet ou au revolver. Vient ensuite le cas du tir aux armes longues: couché ou debout...

 

Alors bien sûr il y a toujours toutes sortes d'astuces ou d'options que l'on peut prendre pour se simplifier la tâche. Dès lors que l'on ne cherche pas à tirer dans des conditions "règlementaires" mais juste pour s'amuser, les contraintes diminuent: tir à deux mains, voire avec l'arme posée, tir sur sac de sable ou sur chevalet, etc...

 

Il y a donc, selon l'état d'esprit dans lequel on se place, plusieurs niveaux de sportivité dans la pratique du tir aux armes anciennes.

 

Les difficultés liées aux positions de tir

 

Selon que l'on tire debout ou couché, avec un revolver ou un pistolet ou une arme longue, les positions "normales" (proches ou identiques aux positions règlementaires) imposent des contraintes qu'il faut savoir gérer.

 

 

  • Le tir à bras franc (pistolet, revolver)

Le tireur doit ici pouvoir tenir son arme de poing d'une seule main, bras tendu pour réaliser son tir. Les contraintes sont alors maximales au niveau du poignet, du bras, de l'épaule. Des contraintes complémentaires s'imposent au niveau du reste du corps afin de garder une position équilibrée et stable.

Une arme de poing à poudre noire pèse souvent entre 1kg et 2kg. Il faut donc être capable de maintenir ce poids à bout de bras durant la séquence de tir, qui dure en général une dizaine de secondes. Rapidement, des tremblements parasites apparaissent au niveau du poignet mais aussi de l'avant bras: l'arme sautille de haut en bas et se déplace par saccades en roulis via le poignet. L'exercice de tenue d'un poids équivalent durant 10s sans trembler est assez facile de prime abord. C'est la répétition (minimum 13 fois + les tirs à vide lors d'un match) combinée à la durée (moins de 30mn en compétition pour toute la série) qui rend ce dernier éprouvant.

Le reste du corps doit être en "gainage" c'est à dire avec une tonicité musculaire suffisante pour rester bien droit, sans être affecté par le poids de l'arme au bout du bras. En général on tire de profil, se sont donc les jambes, les abdominaux et les extenseurs latéraux du haut du corps qui travaillent. Attention toutefois, le gainage évoqué ici est modéré, il ne s'agit surtout pas d'être crispé (ce qui induit des tremblements), juste tonique.

 

  • Le tir couché (armes longues)

Plus reposante en apparence, la position du tir couché ne l'est pas vraiment. Beaucoup de travail est nécessaire pour peaufiner une position qui doit au final permettre de minimiser les efforts. Reste que les bras sont assez fortement sollicités lors de la prise de position (répétée 13 fois minimum lors d'une série en compétition), ainsi que le dos qui doit rester légèrement gainé lors de la séquence de tir.

Comme le chargement des armes anciennes impose de quitter la position de tir, la prise de position (s'agenouiller, descendre sur ses bras, remonter le buste, caler ses coudes,...) est à répéter à chaque tir. D'un point de vue effort c'est presqu'une pompe que l'on réalise alors. Si le tir s'effectue sur une table sur laquelle on s'alonge, il faut ajouter l'effort pour monter sur celle-ci. Là encore, la répétion (13 fois) et la cadence (30mn) amplifient la fatigue.

 

  • Le tir debout (armes longues)

Certaines disciplines de tir aux armes anciennes demandent à tenir l'arme en étant debout. Contrairement au cas des pistolets et revolvers, le bras qui tient l'arrière de l'arme n'est pas tendu et l'autre bras aide à soutenir l'arme, mais en contrepartie le poids de celle-ci dépasse en générale les 4 kg.

C'est certainement la position qui sollicite le plus le corps dans son intégralité car le gainage est très important. Les muscles du dos, mais aussi les abdominaux sont fortement sollicités pour maintenir la position de façon stable.

 

 

La respiration et le souffle

 

Outre les sollicitations physiques des muscles, la respiration et le souffle interviennent de façon primordiale.

La respiration doit permettre d'oxygéner le corps, favorisant ainsi l'élimination des toxines dans les muscles et évitant ainsi les débuts de tétanie et les tremblements associés. Elle agit également directement sur la vue: mal oxygénés le cerveau et les yeux rendent la vue brouillée et la "mise au point" inégale (flou, effets d'optique), ce qui rend la visée imprécise. Par ailleurs, la respiration permet de calmer le rythme cardiaque, ce qui améliore la stabilité lors du tir.

Le souffle doit autoriser le tireur a effectuer la fin de sa séquence de tir en apnée, afin d'éviter toute perturbation de la visée par les mouvements du haut du corps lors de la respiration. Cette apnée peut durer de 3 ou 4 secondes à plus de 8s dans certains cas. Le tireur doit apprendre où sont les limites: à partir de quand le manque d'air se fait sentir et risque d'influencer le tir.

 

S'entraîner

 

Vous l'aurez compris, si vous souhaitez progresser en tir aux armes anciennes, il faut envisager une certaine préparation physique, adaptée aux exigences de cette activité. Non seulement cette préparation améliore les résultats mais également le confort et donc le plaisir pris dans la pratique du tir.

 

  • Musculation ? Non ! Renforcement ? Oui !

 

Il serait absurde et contre-productif de se lancer dans un programme de musculation en vue de se préparer au tir. Contrairement aux idées reçues, plus les muscles sont gros (volumineux), moins le corps est efficace dans une activité sportive. Le volume musculaire n'est jamais recherché en soi par les sportifs, il n'est qu'une conséquence de leur préparation et dans l'idéal, tout sportif aimerait concentrer ses muscles en gardant la même capacité d'effort tout en diminuant leur volume et leur masse. De gros muscles sont plus difficile à bien oxygéner (pour le coeur, les poumons), stockent plus facilement l'acide lactique (crampes), pèsent lourd (imposent des efforts au reste du corps), etc....

Pour le tir, on cherche la stabilité, l'équilibre. Il faut donc renforcer les muscles pour leur permettre de tenir le corps sans souffrir ni générer de tensions. La plupart des exercices dit de "fond" ou de "demi-fond" sont bons. Il conviendra de les compléter par quelques exercices spécifiques dédiés aux muscles particulièrement sollicités.

 

  • Exercices génériques

La natation, la course à pied, le vélo, la marche rapide, ...autant d'activités physiques qui contribuent au renforcement musculaire sans développement excessif de la masse des muscles. La natation, en complément du tir, apporte un plus indéniable en termes d'élimination des douleurs dorsales.

Quelques exercices de plus courte durée sont à envisager: pompes (petites séries de 15-20), abdominaux (petites séries de 10-15), gainage (travailler sur la durée: minimum 45s, pour le dos et sur les côtés).

La gymnastique modérée (oubliez les anneaux, la barre fixe et les saltos...) apporte de bons exercices également.

Les programmes de type "cardio" (gym dynamique) sont à envisager au cas par cas selon la conditions physique de chacun, mais ils ont le mérite d'associer le travail de la respiration à celui des groupes musculaires principaux.

 

  • Exercices spécifiques

Pour le tir aux armes de poing, un premier exercice permet de travailler le bras, le poignet et la position du corps. Il s'agit de se tenir droit, jambes légèrement écartées (comme au tir...) et de lever devant soi (puis sur le côté) une bouteille d'eau de 1.5L pleine.On peut alors travailler en dynamique (levée et descente rapide, en semi-dynamique (même chose mais lentement), ou en statique (tenue bras tendu). Il ne faut surtout pas chercher au début à tenir le plus longtemps possible car la douleur va se faire sentir surtout lorsque vous relâcherez vos muscles. Commencez par des séries de maintien durant 15-20s puis augmentez la durée. N'augmentez pas le poids au-delà de 3-4kg (2 bouteilles scotchées ensemble) cela pourrait induire des douleurs dorsales et n'apporte rien sauf pour de la musculation pure. Essayez plutôt par la suite de vous concentrer sur la tenue sans tremblement (comme si vous visiez...).

 

Pour le tir aux armes longues debout, l'exercice suivant aide à maîtriser la position du corps. Prenez un pack de bouteilles d'eau (6 x1.5L soit environ 9kg) dans vos bras (comme pour porter un enfant). Pensez à redresser votre corps pour garder le dos droit et si c'est trop lourd, enlevez des bouteilles). Approchez vous lentement d'un mur jusqu'à faire frôler le pack du mur. Si vous n'êtes pas bien équilibré le pack va toucher le mur avant que vous ne soyez au ras de celui-ci. Refaites la même chose mais en marche arrière (dos derrière), jusqu'à ce que votre dos frôle le mur. Demandez de l'aide à quelqu'un au début pour contrôler votre position et la distance du mur.

Pour travailler la mise à l'épaule de l'arme (montée de l'arme), vous pouvez utiliser le pack de bouteilles d'eau que vous allez mettre sur votre épaule sur laquelle l'arme s'appuie normalement. Pour cela partez d'une position où le pack est entre vos bras, devant vous, jambes et dos droits, puis envoyez-le d'un mouvement continu vers le dessus de votre épaule en plaçant la main correspondante sur le côté du pack pour lui éviter de tomber derrière vous.

 

Pour le tir aux armes longues en position couché, il faut travailler la prise de position en répétant le mouvement: se coucher à plat ventre, tendre les bras devant soi, puis placer les mains sur les côtés pour prendre appui, se redresser, se relever et recommencer. Attention, au début il faut limiter les répétitions à quelques séries de 7 ou 8 car des douleurs peuvent survenir dans les heures qui suivent.

 

Le juste équilibre

 

Les exercices et activités décrits ci-dessus ne sont bien sûr pas obligatoires, ce sont simplement des aides. En fonction de l'activité normale de chacun, il faut adapter le programme d'entraînement. Ceux qui pratiquent déjà une activité sportive  peuvent sans problème se contenter d'adapter celle-ci et la compléter par quelques éléments spécifiques. Ceux qui ne sont pas sportifs pour deux sous devront commencer doucement et ne pas chercher à suivre un programme lourd au début.

Les bénéfices lors des séances de tir se font en général sentir très vite: en quelques semaines les prises de position de tir se font plus facilement et les tremblements diminuent.

 

Un point très important concerne l'équilibre à trouver entre cet entraînement physique et l'entraînement au tir lors des séances au stand. Trop d'entraînement physique conduira à une fatigue et des douleurs parfois très "saines" mais néanmoins gênantes pour ne pas dire incompatibles avec la pratique du tir (essayez donc de tirer au pistolet avec des douleurs aux bras dues à une séance de coupe de bois la veille...). Il convient donc de trouver le bon rythme et de caler les séances de préparation à distance temporelle raisonnable de vos séance de tir. En général il faut au minimum 2 jours pour minimiser les interactions néfastes. Plus vous progresserez dans votre préparation, moins cette interaction se fera sentir.

 

 

 

 

 

 

 


16/04/2014
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Tir à balle ronde: balle graissée ou calepinée ?

Ce qui suit concerne uniquement le tir avec des projectiles ronds. Pour les balles à profil cylindrique, conique ou autre, le raisonnement serait différent.

 

La balle calepinée

 

Une balle calepinée est tout simplement une balle que l'on a enveloppée dans un morceau de tissu, nommé calepin. Toutefois, l'idée est que le calepin doit se séparer de la balle dès la sortie du canon, afin d'éviter toute perturbation aérodynamique durant le vol de celle-ci. Ainsi le calepin sera-t-il de dimensions limitées pour ne pas "piéger" la balle (c'est pas un paquet cadeau...).

 

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Une fois la balle positionnée sur son calepin, l'ensemble est forcé dans le canon avec un pousse-balle (parfois appelé aussi "starter"), puis à la baguette.

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Le calepin est pré-lubrifié, chacun y va de sa recette: salive (on pose le patch sur la langue et on le plaque sur le palais pour l'humecter sans excès), produit de nettoyage poudre noire, eau, huile, ... L'important étant de ne pas détremper le patch, ce qui risquerait de mouiller la poudre une fois en contact avec la charge.

 

La balle graissée

 

L'idée est ici de forcer directement la balle dans le canon, pour lui faire prendre les rayures. Pour éviter qu'elle ne coince, on roule celle-ci au préalable dans de la graisse.

Le chargement est alors plus simple, mais il faut trouver une balle qui soit pile poil du bon calibre car trop petite elle tombera au fond ou ne prendra pas correctement les rayures, trop grosse elle forcera excessivement voire sera impossible à descendre à la baguette.

 

 

Que choisir ?

 

Voici quelques avantages et inconvénients de chaque technique:

 

Balle calepinée

 

- absorbe légèrement les irrégularités de la balle
- assure une meilleure étanchéité entre le canon et la balle, donc théoriquement une meilleure régularité de tir
- nettoie le canon (le patch frotte sur les parois interne et emporte une partie des résidus)
- aucun contact de la balle avec le canon, donc 0 risque d'emplombage ou d'usure du canon
- nécessite une préparation des calepins (emporte-pièce, ciseaux, ...)
- nécessite des essais de mise au point entre diamètre de balle et épaisseur de calepin + type de tissu
- rajoute une étape lors du chargement (positionnement du patch sur le canon)

 

Balle graissée

 

- chargement simplifié
- pas de préparation préalable
- permet une meilleure prise des rayures une fois le bon calibre de balle trouvé

 

- encrasse plus vite le canon (généralement passé 15-20 tirs, un nettoyage du canon est nécessaire)
- nécessite de trouver le calibre exact de la balle autorisant un chargement efficace
- n'absorbe aucune irrégularité de la balle et peut nécessiter de gros efforts sur la baguette pour enfoncer la balle (certains y vont carrément au maillet)
- Effet d'emplombage inévitable du fait du contact direct balle-canon

 

A l'origine, les calepins servaient à absorber les irrégularités du canon et des balles car à l'époque la précision mécanique n'était pas toujours du niveau de celle d'aujourd'hui, en outre ils permettaient dans le cas des canons lisses d'assurer une bonne étanchéité autour de la balle et d'éviter que celle-ci ne roule simplement dans le canon.

 

Aujourd'hui, la balle calepinée est la seule technique valable pour les armes à canon lisse, pour les raisons évoquées ci-dessus.

Dans le cas des canon rayés, c'est à chacun de choisir. Ma préférence va aux balles calepinées, ne serait-ce que par tranquilité d'esprit: une fois choisi le type et l'épaisseur du calepin en adéquation avec le calibre exact des balles, je suis sûr d'avoir 0 problème au stand de tir. Je peux tirer des séries de plus de 30 coups sans nettoyage et sans risque d'avoir une balle qui coince. Reste que le choix des calepins n'est pas simple, nous y reviendront.

 

 

 


18/03/2014
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