Le flambage
Ceux et celles qui ont déjà assisté à des compétitions de tir à la poudre noire ont certainement déjà entendu ce terme, crié par chaque tireur au début de sa série. Voici un terme typique de "poudreux", qu'il est nécessaire de connaître mais surtout qui fait appel à une technique à savoir utiliser.
Le flambage, kézako ?
Le terme est assez ancien et n'a rien à voir avec les bananes flambées ni avec le fléchissement d'un foret de perceuse sous contrainte ! Pour le tir à la poudre noire, il s'agit de l'opération qui consiste à préparer un canon pour le tir, lorsque ce dernier est encore tout beau tout propre après sa dernière séance de nettoyage.
Concrètement, il s'agit de faire partir un coup "pour rien" (comprenez "pas dans la cible") afin de mettre l'arme en condition pour les tirs suivants. Il convient donc de charger l'arme (nous allons voir comment) puis de tirer sans viser la cible.
C'est l'effet de combustion de la poudre avec le souffle et la chaleur produits qui viennent alors mettre le canon dans un état qui autorise ensuite des tirs réguliers.
Ca sert à quoi ?
Il est assez facile d'observer qu'avec une arme qui tire pour la première fois depuis le précédent nettoyage, l'impact en cible n'est pas identique à ceux obtenus ensuite. Mais pourquoi ?
Une arme qui a été nettoyée puis huilée / graissée présente forcément des excès de lubrifiant dans le canon, ou au contraire des manques. Lorsque l'on vient charger l'arme, la dose de poudre versée peut se retrouver contaminée par ces excès (en particulier ceux présents dans la chambre). D'autre part, sans rentrer dans la théorie de la balistique interne du projectile dans le canon, il est facile de comprendre que les conditions de frottement de la balle dans le canon influencent sa vitesse de sortie, sa prise de rayures et donc sa trajectoire résultante. Ce n'est qu'au bout de 1 ou 2 tirs qu'un état de surface constant est atteint. Certes l'encrassement vient s'ajouter de façon progressive mais entre deux tirs successifs son influence sera moindre que la transition brutale d'un état "propre et lubrifié" à un état "flambé" par le passage de la première balle. Au sujet de l'encrassement, nous aurons l'occasion de revenir à la réflexion ci-dessus avec le nettoyage partiel entre les coups, parfois nécessaire pour certaines armes.
Au-delà des considérations de précision des tirs, le flambage vient également traiter en préventif les risques d'incidents de tir (non départ du coup). Lorsque de l'huile est venue se loger au fond de la chambre voire dans la cheminée suite au nettoyage de l'arme, il est probable qu'un chargement normal va conduire à un problème d'allumage de la charge principale. Pour cela, le flambage se déroule en deux étapes, dont la première vise à dégager la cheminée ou la lumière du canon et la chambre.
Flambage "amorce", flambage "balle"
Pour être précis, il faut distinguer les deux cas, qui sont les étapes succesives nécessaires à la réalisation d'un bon flambage.
Le flambage "amorce" vise à dégager la cheminée ou la lumière du canon et la chambre par simple effet de souffle, garantissant ainsi la mise à feu de la charge principale lors des tirs suivants. Il est parfois (selon les armes) utile de répéter ce flambage deux ou trois fois, surtout lorsque l'on soupçonne un gros excès d'huile.
Le flambage "balle" vis à conditionner le canon pour le tir en le...salissant ! Eh oui, on est ici en face d'un paradoxe où l'encrassement (léger) aide à la précision, du moins en apparence. En fait ceci résulte de la difficulté à garantir la constance de l'état de lubrification du canon au départ, qui fait préférer un léger encrassement et une bonne uniformisation sans excès local. Certaines armes donneraient des tirs de flambage identiques (s'ils étaient en cible) aux tirs suivants, mais cette connaissance n'est pas accessible aux tireurs peu expérimentés.
Méthode
Le flambage "amorce" consiste à amorcer l'arme "à vide", c'est à dire sans chargement. Dans le cas des armes à percussion on viendra donc simplement percuter une ou deux amorces placées sur la cheminée (à répéter pour chaque cheminée dans le cas des révolvers). Dans le cas des armes à silex on amorcera le bassinet pour ensuite procéder à la mise à feu classique via le chien et le silex contre la batterie.
Il est utile de venir souffler sur la cheminée ou la lumière du canon pour commencer à chasser les excès d'huile.
Le flambage "balle" peut en fait se pratiquer de deux manière: avec ou sans balle. L'essentiel étant de mettre à feu une charge dans le canon pour générer l'effet de souffle. On procède à un chargement classique (dose et méthode identique à celles utilisées pour les autres tirs) puis on tire dans une direction sécurisée (butte de terre derrière la cible, sol un peu en avant de la cible, ...). Si on ne souhaite pas utiliser de balle (dans le cas de certaines armes où la préparation des balles est un peu fastidieuse on a pas forcément envie d'en gaspiller une), on peut mettre simplement une bourre de type feutre à la place, l'important étant de maintenir la poudre tassée au fond du canon.
Astuce: lors de vos coulées de balles, gardez celles qui sont "moches" pour vos flambages...
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 25 autres membres