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Choisir le tir aux armes anciennes

Il n'est pas rare d'entendre des discussions entre tireurs sur le sujet du choix de tirer "au moderne" ou "à la poudre noire" comme on dit. Sans parler d'opposition (il n'y a aucune animosité en général entre les deux catégories), il y a malgré tout deux camps qui aiment à revendiquer les avantages de l'une ou de l'autre.

 

Une amusante origine et des préjugés

 

Beaucoup de tireurs aux armes modernes ont tendance à considérer que leur domaine est totalement différent de celui des armes à poudre noire, dites "amres anciennes". Le terme plus exact serait "éloigné" au lieu de "différent" car une arme moderne n'est ni plus ni moins que la descendante d'une arme ancienne, suite à de nombreuses évolution des systèmes de mise à feu, de fabrication et des caractéristiques mécaniques.

En cela, bien des armes "anciennes" se trouvent assez proches des armes "modernes". Prenez un révolver Remington 1858 :

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et regardez maintenant ce Smith & Wesson moderne:

 

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Vous trouvez qu'il y a tant de différences que celà ? Certes, il y a eu du travail sur l'ergonomie, l'efficacité de la visée, l'allègement, etc... mais rien de révolutionnaire: on a toujours un barillet tournant, un chien externe, un défaut d'étancheité canon-barillet, un cran de mire, un guidon...Bon, alors d'accord j'exagère un poil, mais ce n'est qu'un exemple (il y en a de moins bons), mais croyez-moi, la différence en technique de tir n'est pas énorme. J'ai tiré pendant des années avec ces deux modèles et s'ils ont leurs spécificités, leur comportement au tir trouve des points communs.

 

Vient ensuite la question du nettoyage et du rechargement, que beaucoup de tireurs avancent comme un argument allant dans le sens de la facilité d'utilisation des armes modernes. Là je dis attention ! Il faut comparer ce qui est comparable. Lorsqu'un tireur de "moderne" arrive au pas de tir avec sa carabine à cartouches métalliques et qu'il déclare que son arme est bien plus pratique à utiliser que celle de son voisin "armes anciennes" qui doit à chaque tir recharger son arme en versant une dose de poudre, de bourre, puis en descendant une balle à la baguette et en mettant une amorce pour faire feu, il oublie totalement d'évoquer le temps que lui a passé à préparer ses balles !

 

Prenez le cas évoqué ci-dessus. Notre ami tireur à la poudre noire doit réaliser les étapes suivantes:

1) chez lui:

- Préparer ses doses de poudre dans des tubes individuels. Cela suppose de régler un distributeur de poudre noire par pesée des doses test (environ 5mn) puis remplir les tubes (moins de 5mn pour plus de 30 tubes).

- couler ses balles avec un moule à partir de plomb fondu: environ 30mn pour 30 balles (j'exclus le temps de fonte du plomb au départ, qui bouffe bien 20mn mais qui se fait en temps masqué, on peut faire autre chose en attendant)

2) au stand, pour chaque tir:

- verser une dose de poudre

- mettre une bourre (si besoin)

- graisser une balle

- descendre la balle à la baguette dans le canon

- amorcer et tirer

En tout et pour tout, environ  1mn par tir, soit un total de 30mn pour 30 tirs (on ne compte pas le temps de la visée, là on regarde le temps de chargement)

 

Au final, un cumul de 1h10 pour 30 coups tirés.

 

Notre ami tireur de moderne, doit quant à lui réaliser les étapes suivantes:

1) chez lui:

- pré-lubrifier un a un ses étuis et les désamorcer avec un outil à la presse qui en général recalibre au passage le collet (environ 5mn pour 30 balles)

- nettoyer le puit d'amorce de chaque étuis (environ 2mn pour 30 étuis)

- nettoyer les étuis (là il y a plusieurs techniques, mais c'est toujours en temps masqué: machine à laver dans un filet, tumbler, bac à ultrasons, ...). 5mn de manipulation au total

- sécher les étuis (temps masqué, il suffit d'attendre). 5mn de manipulation au total

- amorcer les étuis (environ 5mn pour 30 étuis)

- régler un distributeur de poudre  par pesée des doses test (environ 5mn) puis remplir les étuis (moins de 5mn pour plus de 30 étuis).

- positionner une balle sur chaque étuis et la siéger à la presse (environ 5mn pour 30 balles)

2) au stand, pour chaque tir:

- charger une cartouche

- tirer

 soit  à peine 10 mn pour 30 coups (on ne compte pas le temps de la visée, là on regarde le temps de chargement)

 

Au final, un cumul de 47 mn pour 30 coups tirés.

 

Alors certes le tireur de moderne n'aura passé que 47 mn au total contre 1h10 pour son copain à la poudre noire, mais il aura passé près de 37 mn de préparation chez lui, soit autant que son copain.

 

L'exercice est discutable car tout n'est pas pris en compte, en particulier les aléas du tir à la poudre noire qui peuvent conduire à des opérations spéciales au stand de tir (débouchage d'une cheminée obstruée, extraction d'une balle, etc...), mais certaines opérations imputables au rechargement des cartouches de carabine ont également été occultées (mise à longueur des étuis, réglage de l'OAL, etc...).

 

Les seuls cas où les armes modernes montrent un véritable avantage en rapidité et  d'utilisation, sont ceux du tir avec des cartouches manufacturées ( mais là, sauf à se limiter au calibre 22lr ou au 9mm pour les pistolets, attention au coût !) ou dans des versions autorisant l'utilisation de presses automatiques (très rapides).

 

Le nettoyage reste l'opération qui peut déranger et faire perdre du temps en poudre noire. Mais finalement, nombre de tireurs qui trouvent cette étape fastidieuse en sont les principaux responsables, faute d'une technique efficace et appropriée. D'autre part, beaucoup de tireurs d'armes modernes négligent tellement le nettoyage de leur arme que celle-ci finit par présenter des défauts de fonctionnement ou des usures prématurées. Les armes anciennes demandent un temps de nettoyage impératif, cela reste indéniable. Je présenterai plus tard quelques astuces qui permettent de gros gains de temps.

 

Le tir à la poudre noire et l'art du rechargement

 

Le choix du tir aux armes à poudre noire va de pair avec celui du rechargement. Celui qui n'aime pas recharger se lassera très vite des armes anciennes.

 

Mais recharger c'est non seulement une technique (on ne fait pas dans l'à-peu-près) mais aussi et surtout un état d'esprit: la mise au point. Aucune arme ancienne ne peut être utilisée directement, avec une recette de rechargement universelle qui marcherait pour toutes les armes semblables. Même deux armes d'apparence identiques (même fabricant, même modèle, même calibre) ne nécessiteront pas le même chargement pour obtenir la meilleure précision de tir.

 

Les paramètres sont nombreux: dose de poudre, type de poudre (vivacité), type et dose de bourre, forme et calibre de balle, méthode de chargement, graissage, ... Autant de combinaisons que fort heureusement l'expérience finit par réduire, parfois après quelques essais principaux.

 

On retrouve un peu la même problématique avec certaines armes modernes, en particulier les armes longues, où certains tireurs vont chercher à optimiser le chargement des étuis, mais les combinaisons sont souvent plus limitées.

 

L'art du rechargement des armes à poudre noire demande quelques connaissances théoriques, parfois assez poussées mais rarement inabordables. Le tout est d'y aller progressivement et de se faire plaisir au fur et à mesure que les résultats progressent. Le tireur novice n'aura aucun intérêt à aller chercher à grapiller quelques pouillèmes sur son chargement et se fera bien plus plaisir en testant des combinaisons simples, tandis que l'expérimenté prendra son pied à aller chercher ne serait-ce qu'un très léger mieux dans sa technique ou sa recette.

 

Fort heureusement, il existe des bases pour commencer, en particulier pour les armes assez répandues que l'on ne saurait que trop conseiller aux novices. Nous verrons plus tard comment débuter.

 

Les armes et leur histoire

 

On peut faire le choix d'ignorer les origines de ce qu'on utilise. D'ailleurs c'est ce que l'on fait 90% du temps avec les objets de tous les jours (savez-vous depuis quand la serrure existe et qui l'a inventée ? et la fourchette ?). Mais dans le cas des armes anciennes, puisque c'est un domaine un peu particulier, il est très dommage de passer à côté des aspects historiques.

 

Le tir aux armes anciennes est un tir "vivant" et qui a une âme. Ce sentiment est assez difficile à expliquer à ceux qui n'ont jamais testé et très facilement compréhensible par ceux qui pratiquent déjà. Ce constat m'est apparu de façon flagrante lorsque je me suis remis à tirer avec des armes modernes après une longue période de tir aux armes anciennes uniquement. J'ai senti comme un vide: au moderne on tire, le coup part et puis plus rien, comme si tout était allé trop vite, trop facilement. En poudre noire on a commencé par une phase de chargement, que l'on a pris soin de réaliser proprement, on tire, on sent l'arme reculer de façon assez progressive, il y a la fumée...puis le résultat.

 

L'avantage du moderne est de permettre de travailler la technique pure: visée, tenue de l'arme, ...

 

Les armes anciennes ajoutent du charme et du sentiment.

 

 


11/03/2014
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Disciplines de tir aux armes anciennes

Il y a ceux qui connaissent (ou qui croient connaître...) et ceux qui découvrent, mais l'univers du tir aux armes anciennes est très vaste et ne se limite pas aux quelques exemples "classiques" que l'on peut voir dans les clubs non spécialisés ou dans la presse.

 

Une discipline de tir c'est essentiellement:

 

1) une arme (précisée par son type, parfois par son calibre, ou par ses particularités telles que ses organes de visée...)

2) une distance (pour les armes anciennes cela va de 25m à ...plus de 900 m !)

3) des règles (nombre de coups tirés, temps imparti, conditions de tir, position de tir, ...etc)

 

Dès lors que l'on sait que sur les pas de tir on trouve très souvent les distances suivantes:

-25m

-50m

-100m

Qu'ajouté à cela il existe trois positions de tir principales:

- débout

- à genou

- couché

Qu'en outre les armes anciennes utilisent principalement 3 solutions de mise à feu:

- à percussion

- à silex

- à mèche

Qu'en plus les calibres vont de 7mm (environ) à plus de 17mm...

 

On arrive alors à une multitude de combinaisons possibles !!!

 

Mais alors, comment s'y retrouver ? Le MLAIC (Muzzle Loaders Associations International Committee, en gros un comité d'harmonisation qui coiffe l'ensemble des associations officielles de tir à poudre noire)  a apporté la réponse en définissant des disciplines dites officielles et répertoriées par des numéros allant de 1 à 38 et en précisant à chaque fois l'ensemble des conditions évoquées ci-dessus.

 

Voici un extrait du règlement MLAIC:

 

N° 4 Whitworth -

Individuel O & R - Equipe : N° 20 Rigby (O &/ou R Open)

A) Arme : Fusil libre à percussion - Non qualifié pour le N°3 Minié

B) Organes de visée : D’époque y compris les répliques du style Origine. OEilletons AV et AR si

compatibles avec période de fabrication

C) Cible : Cible pistolet ISSF 50 mètres

D) Position : Couché

E) Distance : 100 mètres

F) Balle : Balle ronde ou tout type de balle oblongue

G) Nettoyage : Autorisé

H) Entonnoir : Autorisé

Le "O" est pour "Origine" au sens "Arme d'origine" c'est à dire "arme d'époque"

Le "R" est pour "Réplique" au sens "Réplique d'arme" c'est à dire "reproduction d'une arme d'époque"

Pour la liste complète, voir ici: http://www.pistoliers.com/pages/MLAIC2008PN.pdf

 

A noter qu'il y a deux familles de disciplines:

- celles dites de précision (tir à balle)

- celles dites de tir au plateau (tir à la grenaille)

 

 

En France, une organisation se positionne quelque peu en dissidence du MLAIC: les Arquebusiers de France. Leurs arguments sont que le règlement MLAIC est assez inspiré de règles modernes et autorise ainsi certaines choses qui ne leurs semblent pas assez dans l'esprit d'époque.

 

Il est vrai que tirer aux armes anciennes c'est tout un art !

 

Les débats sont nombreux et incessant sur le bienfondé de telle ou telle règle. Si le règlement MLAIC reste criticable, il a le mérite de proposer une vraie classification des disciplines et permet de s'y retrouver dans la jungle des combinaisons.

 

Les compétitions s'appuient sur les règlements officiels mais ne reprennent pas toutes l'ensemble des disciplines, en se concentrant sur les plus classiques, qui couvrent 90% des cas.

 


11/03/2014
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